La Rose Noire

Hommage à la douleur

On est fou, on est bien et puis la vie nous laisse hagard. On croit qu’on a tout compris et on se sent un peu à part. Pourtant on n’a rien de plus que les autres, juste la douleur qui est la nôtre. Elle nous fait avancer à grands pas et nous pousse à faire ce constat. La douleur est une belle maîtresse mais elle nous laisse toujours dans la détresse. Lorsqu’on y repense plus tard, on se dit qu’elle nous a bien eus avec ses racontars. Finalement que nous apporte-t-elle si ce n’est des déboires à la pelle ? La douleur nous fait mal et on se sent anormal. Elle nous fait dépérir et nous laisse cette putain d’envie de mourir. La douleur est une bâtarde, elle nous pique le cœur de sa grande écharde. Mais lorsqu’on réfléchit bien, on devient de plus en plus serein. Et c’est grâce à la douleur si l’on arrive à se reconnaître de la valeur. Si elle nous fait si mal, c’est peut-être pour que notre esprit en arrive à son point maximal. Pour que l’on se mette à penser bien et non plus comme le dernier des crétins. La douleur, cette grande sœur, nous apporte la profondeur. Si elle nous fait un bourrage de crâne et qu’elle s’y inscrit en filigrane, c’est tout simplement pour que ce crève-cœur finisse par nous apporter le bonheur. A quoi servirait-elle autrement ? Nous ne sommes pas nés pour passer nos vies dans l’aveuglement. Moi, la douleur, je la chéris, parce qu’elle m’a appris à me reconnaître dans cette vie. Je sais maintenant un tas de choses même si mon existence est encore loin d’être rose. Mais en arpentant ses enfers, j’ai réussi à me satisfaire. Alors c’est vrai que si la douleur nous fait grandir, on a toujours tendance à la maudire. Son regard est empli de folie et ce qu’elle dit n’est pas vraiment joli. Mais de cette souffrance qu’elle nous inflige, il faut savoir en extraire tout le prestige. C’est loin d’être facile car elle n’est pas toujours docile. Mais si l’on sait s’y prendre, c’est alors du plaisir que l’on a à revendre. Car la douleur, dans sa laideur, finit toujours par nous apporter la grandeur. C’est une chance rare, mais qui meurtri, car nous devenons alors incompris. C’est vrai que lorsqu’on parle avec son cœur et que l’on atteint la profondeur, les gens disent de nous que l’on est devenu fou. Peut-être ont-ils raison ? Mais il faut s’appliquer à ne pas être éprouvé de cette comparaison. Si les autres ne comprennent plus ce que nous voulons dire, c’est peut-être parce que leur esprit n’a pas envie de s’enhardir. Ils se pensent heureux dans leur petit monde étriqué et ils ne veulent surtout pas que qui que ce soit vienne le compliquer. Tant pis pour eux s’ils ont envie d’en rester là, nous on s’élève bien au-dessus et bien au-delà. Il faut savoir accepter cette chance et assumer sa différence. Seuls quelques-uns comprendront cet hommage. Tant mieux, car ce sont eux que je souhaite voir dans mon sillage. La douleur m’a appris à savoir dire non et rien que pour ça, je ne peux que lui donner raison. Elle m’a aussi appris à choisir. C’est un acte que j’ose maintenant, sans rougir et sans déplaisir. Je n’ai plus envie aujourd’hui, d’expliquer qui je suis. La douleur m’a enseigné que cela ne sert à rien, car les autres, de toute façon, n’ont pas envie de voir plus loin. Peu importe la solitude que tout cela engendre, car mon cœur est pur et ma liberté n’est pas à vendre. Il est certain maintenant que beaucoup me qualifieront d’un certain narcissisme. Je n’en ai que faire, je connais ma vérité, et elle s’apparente plutôt à de l’altruisme. J’aime le monde et j’aime l’autre, mais l’autre fait souvent mal. Il a trop fréquemment fait couler mes glandes lacrymales. La douleur est partout, c’est toi qui me l’apporte. Tu en fais ton sacre et par là-même mon escorte. Je devrais te haïr pour tout ce que tu me fais subir. Pourtant je n’ai qu’une envie, c’est de te dire tout simplement merci. Par la douleur que tu as collée à mes pas, j’ai finalement appris à devenir moi. Cet hommage doit certainement te paraître bizarre, et pourtant, crois-le, il n’est pas dû au hasard. J’ai bien réfléchi avant de l’écrire et les mots qu’il contient me donnent l’envie d’approfondir. Pourtant je ne le ferai pas et je terminerai sur cela : la douleur, impossible de lui garder rancœur. Elle m’a tant appris et jamais ne m’a trahie. C’est grâce à elle que j’ai su reconnaître mes amis. C’est avec elle que j’ai pu voir s’élever mon esprit. Elle et moi, nous sommes souvent battues en duel mais dans l’arène ne sont restés que ceux qui en valaient la peine. C’est un cadeau qui vaut tout l’or du monde. C’est un combat qui m’a permis d’entrer dans la ronde. Je marche dans un sens quand vous allez à contresens mais je ne rebrousserai pas chemin car je suis sûre maintenant de ce que sera mon lendemain. C’est la douleur, ma consœur, qui me mènera vers mon bonheur. C’est elle et ses largesses, qui me mèneront vers la sagesse.

 

Alexa - Septembre 2006



12/10/2006
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